Discussion:
Qu'est-ce qu'un impromptu ?
(trop ancien pour répondre)
Sette_Bello
2004-09-21 14:40:36 UTC
Permalink
Bonjour,

certains morceaux de certains compositeurs s'appellent des impromptus.
Il s'agit surtout à ma connaissance de morceaux de piano seul, isolés
les uns des autres (autrement dit ne formant pas un tout comme les
différents mouvements d'un concerto).

Comme compositeur, je vois Chopin et Schubert, donc surtout la période
romantique.

Mais comment définit-on exactement un impromptu ?

Chez Chopin, comment l'impromptu s'oppose-t-il à la ballade ou au
scherzo, par exemple ?

Merci

sb

ps les impromtus de Schubert, c'est une des plus grandes choses que
l'oreille puisse entendre...
maina.tristan.pichard
2004-09-21 15:25:29 UTC
Permalink
L'impromptu (d'après mon petit dicco de Pernon) est "une pièce musicale de
forme libre et de caractère improvisé." Apparemment elle dérive d'un type de
pièce de théâtre avec une part faussement improvisée (Molière : "L'impromptu
de Versailles"). La forme musicale en découlerait et prend son essor au
XIXème (où elle est circonscrite mais il y a sûrement des contemporains qui
se sont fendus du leur).
Je ne sais pas s'il en existe pour une autre formation que le piano seul, on
en trouve chez Chopin et Schubert mais aussi chez Schumann et Fauré.
Hodeir précise que l'impromptu prend souvent une forme qui ressemble plus ou
moins à un bon vieux ABA derrière des atours de liberté formelle.

Tristan
Post by Sette_Bello
Bonjour,
certains morceaux de certains compositeurs s'appellent des impromptus.
Il s'agit surtout à ma connaissance de morceaux de piano seul, isolés
les uns des autres (autrement dit ne formant pas un tout comme les
différents mouvements d'un concerto).
Comme compositeur, je vois Chopin et Schubert, donc surtout la période
romantique.
Mais comment définit-on exactement un impromptu ?
Chez Chopin, comment l'impromptu s'oppose-t-il à la ballade ou au
scherzo, par exemple ?
Merci
sb
ps les impromtus de Schubert, c'est une des plus grandes choses que
l'oreille puisse entendre...
jmw
2004-09-21 17:11:14 UTC
Permalink
maina.tristan.pichard
Post by maina.tristan.pichard
L'impromptu (d'après mon petit dicco de Pernon) est "une pièce musicale
de forme libre et de caractère improvisé.
Oui : jouer impromptu veut dire ce que cela veut dire. Au départ,
c'est même une improvisation autour d'une musique connue, un air
d'opéra, une romance etc. J'ajouterai "spontané"
Post by maina.tristan.pichard
" Apparemment elle dérive d'un type de pièce de théâtre avec une part
faussement improvisée (Molière : "L'impromptu de Versailles"). La forme
musicale en découlerait et prend son essor au XIXème
Il faut se méfier de ce genre d'historicisme qui ignore les dynamiques
sociales, la plasticité et les capacités à inventer. On peut aussi et
surtout penser que toute activité humaine a des raisons immédiates, et
que là dedans créer et satisfaire des besoins présents vaut autant,
sinon plus que s'occuper à valoriser la tradition passée. Ce qu'on
nomme impromptu à la cour est quelque chose de pastoral, féerique,
gai, surprenant farceur, quelque chose qui sort de l'ordinaire,
l'impromptu est en quelque sorte une récréation.

Après la Révolution, les valeurs changent et le sens des mots avec. La
récréation musicale qu'on prend dans les salons bourgeois n'a pas du
tout le même sens. L'impromptu musical qui apparaît dans les années
1820 se relierait plutôt à la tradition qu'ont les musiciens
d'improviser, sauf qu'on a là l'idée d'en faire une musique écrite.
Dans le fond, si on veut rattacher l'impromptu du XIXe siècle à une
forme antérieure, c'est à la fantaisie qu'il faut penser.
Post by maina.tristan.pichard
où elle est circonscrite mais il y a sûrement des contemporains qui se
sont fendus du leur.
Oui, alors l'impromptu n'est pas une forme circonscrite au XIXe
siècle
Post by maina.tristan.pichard
Je ne sais pas s'il en existe pour une autre formation que le piano
seul, on en trouve chez Chopin et Schubert mais aussi chez Schumann
et Fauré.
C'est une forme typiquement pianistique, mais par extension il y en a
(rare) pour orchestre symphonique, orchestre de chambre, pour piano et
violon.
Post by maina.tristan.pichard
Hodeir précise que l'impromptu prend souvent une forme qui ressemble
plus ou moins à un bon vieux ABA derrière des atours de liberté formelle.
Oui. Mais l'improvisation étymologique n'est pas la même que la
pratique, là elle est formellement impossible. Si on laisse son chat
sauter sur le clavier du piano, il jouera de la musique tempérée de
piano, rien d'autre.

On improvise avec sa culture, c'est aussi cela la liberté formelle. Ce
n'est pas sauter dans un impossible inconnu, mais faire un usage libre
de ce qu'on sait (écrire en se fichant de l'orthographe et d'Henri).
D'ailleurs faire systématiquement le contraire de quelque chose (où s'y
opposer) est aussi une façon d'en être prisonnier.

ABA, certes, mais en soi ce n'est pas contraignant puisque c'est ce
qu'on fait avec le plus d'aisance : thème, chorus, thème ; couplet,
refrain, couplet etc. Quand les enfants dessinent un maison, il y a en
général une porte entre deux fenêtres. Cela n'est en rien
contraignant, mais il y a mille façons de faire ABA, de développer, de
réduire le matériel thématique où au contraire de l'accumuler, de
faire proliférer les éléments thématiques, de déduire A de B ou
inversement, de respecter les progression tonales, la cohérence etc.

jmw
maina.tristan.pichard
2004-09-21 20:42:26 UTC
Permalink
Post by jmw
Post by maina.tristan.pichard
où elle est circonscrite mais il y a sûrement des contemporains qui se
sont fendus du leur.
Oui, alors l'impromptu n'est pas une forme circonscrite au XIXe
siècle
Je m'en doutais bien, as-tu des exemples ?
D'autres part, le fait qu'un -ou même plusieurs- compositeurs est repris cet
"état d'esprit" (le mot "forme" ne semble pas adapté) ne fait pas forcément
de l'impromptu un genre du XIXe ET du XXe. Par exemple Schoenberg, Ravel et
Milhaud ont écrit des suites, cela en fait-il un genre propre au baroque ET
au début du XXe siècle ? C'est assez difficile de raviver la flamme d'une
forme éteinte, non ? Je ne vois pas de contre-exemple au premier abord, sans
doute qu'en cherchant bien... on trouve toujours.
Post by jmw
Post by maina.tristan.pichard
Hodeir précise que l'impromptu prend souvent une forme qui ressemble
plus ou moins à un bon vieux ABA derrière des atours de liberté formelle.
Oui. Mais l'improvisation étymologique n'est pas la même que la
pratique, là elle est formellement impossible. Si on laisse son chat
sauter sur le clavier du piano, il jouera de la musique tempérée de
piano, rien d'autre.
On improvise avec sa culture, c'est aussi cela la liberté formelle. Ce
n'est pas sauter dans un impossible inconnu, mais faire un usage libre
de ce qu'on sait (écrire en se fichant de l'orthographe et d'Henri).
D'ailleurs faire systématiquement le contraire de quelque chose (où s'y
opposer) est aussi une façon d'en être prisonnier.
ABA, certes, mais en soi ce n'est pas contraignant puisque c'est ce
qu'on fait avec le plus d'aisance : thème, chorus, thème ; couplet,
refrain, couplet etc. Quand les enfants dessinent un maison, il y a en
général une porte entre deux fenêtres. Cela n'est en rien
contraignant, mais il y a mille façons de faire ABA, de développer, de
réduire le matériel thématique où au contraire de l'accumuler, de
faire proliférer les éléments thématiques, de déduire A de B ou
inversement, de respecter les progression tonales, la cohérence etc.
D'accord pour tout ça mais il me semble que la forme la plus naturelle de
l'improvisation pourrait-être une variation (A A' A'' A''') ou pire un
collier de perle (A B C D E). Le ABA nécessite déjà l'intégration d'un
langage formel plus élaboré (il est vrai qu'on parle de Schubert et Chopin
qui son pas des pianoteurs du dimanche). On part du A, on arrive à B pas de
problème mais il faut revenir et se souvenir. J'imagine que le passage à
l'écrit permet d'arranger les choses, sans doute qu'une improvisation de
Chopin que l'on aurait enregistré -le pied, non ?- ne ressemble pas
totalement à ce qu'il retranscrit sur la partition d'un de ses impromptus.
On ne le saura jamais, mais j'imagine. En tout cas quand je m'adonne à
l'improvisation libre si cela ressemble à du ABA c'est juste parce que je
reprends un motif initial pour finir (et encore je crois que cela n'est ni
systématique, ni naturel mais je dois avouer que cela s'est produit plus
d'une fois). Mais dans mon esprit c'est une reprise -disons de A- mais au
cours de l'improvisation je ne me suis jamais dit "tiens, maintenant
j'attaque le B". Je sais, c'est messieurs Jourdin, je fais du ABA sans le
savoir. Mais dans l'improvisation compte aussi l'intention et celle de faire
un ABA n'y est pas.
Si l'on prend des improvisations libre gravé sur disque (Ayler, Coleman par
exemple mais même chez des musiciens qui ne font pas habituellement de
freejazz -je me souviens d'un collectif sur ECM qui avait enregistré une
impro d'environ une heure sur le thème de l'aurore, malheureusement je n'ai
plus les référence -il y avait Corea au piano-, dans le même genre il y a un
disque de Magma qui s"appelle "Sons" -assez réussit, pourtant je ne suis pas
trop fan-), les formes exploités sont souvent de deux types : soit une
impression de ruban sonore où on chercherait plutôt une abolition du temps
qu'un voyage discursif (assez caractéristique de la musique européenne),
soit une succession d'ambiance sonore plus ou moins contrastée mais avec peu
de reprise thématique ou motivique entre les différentes parties. Cela
vaudrait certainement le coup d'approfondir la question car je parle là de
mémoire et plus par ressenti que par analyse.

Tristan
jmw
2004-09-22 21:53:05 UTC
Permalink
tristan
Post by maina.tristan.pichard
Je m'en doutais bien, as-tu des exemples ?
J'en avais fait un longue liste, spécialement pour Henri
qui craque devant les illustres inconnus et je l'ai perdue.
Tout de même quelques noms, quelques dates mais je ne
recommence pas tout. Sauf indication, c'est pour piano.
Il y en a aussi pour harpe, accordéon et ensemble d'accordéons,
piano et violon etc.

Jean Cras, Impromtu Pastoral (1901)
Paul Bruniold, Menuet, Nocturne et Valse impromptu (1902)
Sibelius, imp. (1902-1910)
Louis Joseph Diemer, La source et le poête, impromptu-caprice
op. 54 (1905), Impromptu-idylle op. 56 (1909)
Fauré, son 5é imp. est de 1909 les suivants suivent
Henri Bussière, Impromptu sur des airs japonais (1915)
Suite Impromptu (1949) pour quatuor à cordes [?], Valse
Impromptu (1943)
Roussel, imp. (1919)
Rodolfo Halffter, Impromptu para Orquesta op. 6 (1931-1932)
Salavador Bacarisse, 1 impromptu 1934
Georges Auric, 4 impromptus 1937 et 1940
Juan Francisco Garcia, Nocturno, Poemática, Impromptu, Humorada
et Gavotina y Valsete (1940-1945)
Jean René Françaix, Scherzo-Impromptu orchestre,
texte de Louise de Vilmorin (1949)
Goldenweiser Alexander, 2 imp. (1951)
Jacques Ibert, imp. (1951)
Robert Suter, Imp. pour orchestre (1956)
Sven Erik Bäck, 1 imp. 1957
Bozidar Kunc, Imp. (1959)
Eduardi Plaza, imp. (1965)
Gerardo Gandini, imp. piano et orchestre (1970)
Folke Rabe, Imp. for 5 Players (1970)
Post by maina.tristan.pichard
D'autres part, le fait qu'un -ou même plusieurs- compositeurs est repris
cet "état d'esprit" (le mot "forme" ne semble pas adapté) ne fait pas
forcément de l'impromptu un genre du XIXe ET du XXe [...]Schoenberg,
Ravel {...] ont écrit des suites, cela en fait-il un genre propre au
baroque ET au début du XXe siècle ? C'est assez difficile de raviver la
flamme d'une
forme éteinte, non ? Je ne vois pas de contre-exemple au premier abord,
sans doute qu'en cherchant bien... on trouve toujours.
Je ne poserais pas la question de cette façon, parce qu'alors le mot
"forme"
ne conviendra jamais. Je crois que tu lis «Le Style classique» de Charles
Rosen. Je partage ce qu'il écrit sur la «forme sonate»; c'est valable pour
la
«forme impromptu». Les oeuvres musicales ne se coulent pas dans des modèles
formels stricts. C'est d'abord dans les habitudes de composer qu'on en
reconnaît certaines qui finissent par laisser des idées de trame, et comme
tu dis très justement un «état d'esprit» et pourquoi pas un «état de
forme».

Il y a aussi la forme et le titre qu'on donne à la forme. Je crois que
cette
famille dite «improvisée» ou de type «spontané», comme les humoresques,
nocturnes,
les fantaisies, pourquoi pas les feuilles d'album, voir les gymnopédies,
gnossiennes etc. Sont avant tout des musiques qui ne développent pas, qui
ne prolifèrent pas et qui se concentrent sur trois ou quatre idées
(mélodiques,
rythmiques, harmoniques.), qui énumèrent des modules en étoile etc.

Il y a le mot et il y a la chose. L'idée de forme est une idée très
générale,
qui renvoie à des caractères généraux. Heureusement que les oeuvres
échappent
aux modèles analytiques, ou inversement que les modèles analytiques ne
peuvent
rendre compte de l'oeuvre dans sa totalité.

Un forme, une manière musicale ne meurt que quand les compositeurs (et la
public)
s'en détachent. L'impromptu est aussi une forme du XXe siècle. Mais il y a
des
moments forts, des heures de gloire, des modes, des engouements qui
marquent
des périodes et des lieux. De ce point de vue je crois qu'on peut dire que
l'impromptu est une spécificité du XIXe et une des singularités du XXe.
C'est quantitativement et qualitativement clair. Pour la «suite», il faut
regarder
de plus prêt, je pense qu'elle est un genre aussi important aux XIXe et XXe
qu'aux XVII et XVIIIe siècles... (les passages entre siècles ne sont pas
des
frontière musicales, là encore il faudrait nuancer)
Post by maina.tristan.pichard
D'accord pour tout ça mais il me semble que la forme la plus naturelle de
l'improvisation pourrait-être une variation (A A' A'' A''')
Non, parce qu'il y a là déjà développement ou variation.
Post by maina.tristan.pichard
ou pire un collier de perle (A B C D E).
Oui mais non. Parce que ce serait trop décousu, difficile à gérér
(s'il s'agit vraiment d'objets qu'on peut appeler A B C D etc.
et non le résultat d'un développement ou d'une "ballade" libre.)
Post by maina.tristan.pichard
Le ABA nécessite déjà l'intégration d'un langage formel plus élaboré
Je ne suis donc pas d'accord avec toi sur ce point. C'est la manière
la plus simple de rester cohérent par le retour à A. Pour reprendre
ton idée ce serait mieux aba aca axa etc. On a un thème, on s'en évade
(varie, développe, trucide etc.) on y revient. Ca fait propre sur soi.
Post by maina.tristan.pichard
Si l'on prend des improvisations libre gravé sur disque (Ayler, Coleman
par exemple mais même chez des musiciens qui ne font pas habituellement
de
freejazz -je me souviens d'un collectif sur ECM qui avait enregistré une
impro d'environ une heure sur le thème de l'aurore, malheureusement je
n'ai plus les référence -il y avait Corea au piano-, dans le même genre
il y
C'est une autre culture, un autre temps, d'autres objectifs, d'autres
langages.
Il y a aussi l'extraordinaire "Longue marche" de Max Roach et Archie Shep.
Post by maina.tristan.pichard
Post by maina.tristan.pichard
disque de Magma qui s"appelle "Sons" -assez réussit, pourtant je ne
suis pas trop fan-)
Moi non plus. On n'aimait pas les musiciens, on trouvait leur musique
extraordinaire. J'ai réécouté il y a quelques temps. Je n'accroche plus.
Vander aurait pu valoir plus que cela.

... Voilà des choses qui sont trop épaisses pour un forum de ce et type.

A l'occasion, on pourrait se retrouver autour de quelque chose à boire
ou a grignoter pas trop loin d'un instrument.

jmw
DB
2004-09-23 07:36:18 UTC
Permalink
Post by jmw
J'en avais fait un longue liste, spécialement pour Henri
qui craque devant les illustres inconnus et je l'ai perdue.
Henri Bussière, Impromptu sur des airs japonais (1915)
Effectivement inconnu. Par contre, Henri Busser, compositeur et chef
d'orchestre trop négligé, ça peut le faire.
Quelle différence ?
maina.tristan.pichard
2004-09-23 09:21:50 UTC
Permalink
Post by jmw
Je ne poserais pas la question de cette façon, parce qu'alors le mot
"forme"
ne conviendra jamais. Je crois que tu lis «Le Style classique» de Charles
Rosen.
Tu crois bien, je vois que les discussions du forum ne tombent pas toutes
dans l'oreille d'un sourd.
Post by jmw
Je partage ce qu'il écrit sur la «forme sonate»; c'est valable pour la
«forme impromptu». Les oeuvres musicales ne se coulent pas dans des modèles
formels stricts. C'est d'abord dans les habitudes de composer qu'on en
reconnaît certaines qui finissent par laisser des idées de trame, et comme
tu dis très justement un «état d'esprit» et pourquoi pas un «état de
forme».
Il y a aussi la forme et le titre qu'on donne à la forme. Je crois que
cette famille dite «improvisée» ou de type «spontané», comme les
humoresques,
Post by jmw
nocturnes, les fantaisies, pourquoi pas les feuilles d'album, voir les
gymnopédies,
Post by jmw
gnossiennes etc. Sont avant tout des musiques qui ne développent pas, qui
ne prolifèrent pas et qui se concentrent sur trois ou quatre idées
(mélodiques, rythmiques, harmoniques.), qui énumèrent des modules en étoile
etc.


Intéressant de voir ça sous l'angle du développement, le principe du
développement est, à mon sens, un des problèmes les plus importants que pose
la musique. Développement au sens large et non comme on l'entend
habituellement en "classique" où il est une des réponses les plus originales
et riches qu'ait fourni l'occident dans le domaine musicale (allons-y
gaiement !). La réitération pure et sans transformation (comme dans beaucoup
de musique traditionnelle) est une forme de développement.
La musique sans développement énoncerait un matériel sans le répéter ni le
transformer, pas d'oeuvre dans la durée mais une concision totale... il y a
des exemples chez Webern. Un matériau changeant perpétuellement pour durer
sans développer me paraît impossible, il induirait de facto un développement
soit d'une exploration modale, soit d'un principe de modulation, soit d'une
série.
Pour revenir à nos moutons, l'impromptu comme musique sans développement (au
sens classique du terme cette fois) et "l'état de forme" qui va avec me
paraît une bonne vision des choses (et mettre les gnosiennes et les
gymnopédies dans ce panier là est tout à fait recommander, Satie assassine
le piano romantique, la musique romantique et donc le développement
romantique -d'ailleurs je m'insurge contre les interprétations pleine de
pathos que l'on fait trop souvent de ses pièces).
Post by jmw
Il y a le mot et il y a la chose. L'idée de forme est une idée très
générale, qui renvoie à des caractères généraux. Heureusement que les
oeuvres
Post by jmw
échappent aux modèles analytiques, ou inversement que les modèles
analytiques ne
Post by jmw
peuvent rendre compte de l'oeuvre dans sa totalité.
Un forme, une manière musicale ne meurt que quand les compositeurs (et la
public) s'en détachent. L'impromptu est aussi une forme du XXe siècle. Mais
il y a
Post by jmw
des moments forts, des heures de gloire, des modes, des engouements qui
marquent des périodes et des lieux. De ce point de vue je crois qu'on peut
dire que
Post by jmw
l'impromptu est une spécificité du XIXe et une des singularités du XXe.
C'est quantitativement et qualitativement clair. Pour la «suite», il faut
regarder de plus prêt, je pense qu'elle est un genre aussi important aux
XIXe et XXe
Post by jmw
qu'aux XVII et XVIIIe siècles... (les passages entre siècles ne sont pas
des frontière musicales, là encore il faudrait nuancer)
Post by maina.tristan.pichard
Le ABA nécessite déjà l'intégration d'un langage formel plus élaboré
Je ne suis donc pas d'accord avec toi sur ce point. C'est la manière
la plus simple de rester cohérent par le retour à A. Pour reprendre
ton idée ce serait mieux aba aca axa etc. On a un thème, on s'en évade
(varie, développe, trucide etc.) on y revient. Ca fait propre sur soi.
OK pour le aba aca axa (d'ailleurs c'est ça que fait Keith Jarett dans ces
impros solos façon Kolnn concert - je le dis de mémoire)
Post by jmw
Il y a aussi l'extraordinaire "Longue marche" de Max Roach et Archie Shep.
Extraordinaire en effet.
Post by jmw
Post by maina.tristan.pichard
disque de Magma qui s"appelle "Sons" -assez réussit, pourtant je ne
suis pas trop fan-)
Moi non plus. On n'aimait pas les musiciens, on trouvait leur musique
extraordinaire. J'ai réécouté il y a quelques temps. Je n'accroche plus.
Vander aurait pu valoir plus que cela.
Je ne sais si Vander mérite mieux, je l'ai vu en concert deux fois, une fois
avec Magma il y a une demi-douzaine d'année et une fois en trio jazz. Je
n'ai que moyennement apprécié le premier et plus le second. Magma possède
une énergie propre au rock -et un decorum aussi- mais il tentait de le faire
sortir du carcan du rock. C'est louable et il y a des réussite indéniable,
mais je préfère Coltrane pour les longues plages modales et Stravinsky
(celui des Noces) pour les jeux rythmiques et les chants. Dans la mouvance
de Magma il existe un groupe "One Shot" composé de musicien de Magma, à
l'exception du batteur bien sûr, là je suis preneur. C'est plus proche du
jazz dans la forme (thème chorus des divers musiciens et thème) donc on
évite la pompe estampillé Vander, mais avec l'énergie du rock et même de
certaine mouvance du hardrock -basse saturée, utilisation quasi-exclusive
des gammes diminués-. Je ne sais pas s'ils existent encore, éviter le disque
qu'il ont sorti qui ne retranscrit pas du tout l'énergie du concert.
Post by jmw
... Voilà des choses qui sont trop épaisses pour un forum de ce et type.
Je vois, il y a parfois c'est vrai sur le forum une ambiance ancien potache,
on sent qu'il y a tout un groupe qui se connaît bien et ne doit pas avoir
l'occasion de se voir en vrai souvent. Cependant il est pour moi le seul
moyen de partager un peu de mes centre d'intérêt avec d'autre. Les gens de
la vraie vie me regardent comme un extraterrestre quand je leur parle de
Rosen. Ici je passe pour un novice quand j'en parle. Et puis j'ai besoin de
confronter mon savoir livresque à la discussion, certain n'en ont pas
besoin, moi si. Il faut dire des conneries pour bien comprendre les choses
(et sur le forum j'en ai dites quelques unes, le retour de manivelle est
immédiat, l'ego en prend un coup mais c'est bien). Et ci ou là, comme ici
sur l'impromptu, on lit des réflexions fort intéressantes.
Post by jmw
A l'occasion, on pourrait se retrouver autour de quelque chose à boire
ou a grignoter pas trop loin d'un instrument.
Proposition qui donne soif. Je ne suis pas contre, personnellement je zone
du côté d'Orléans.

Tristan
jmw
2004-09-23 15:12:46 UTC
Permalink
maina.tristan.pichard
[...] y a des exemples chez Webern. Un matériau changeant
perpétuellement pour durer sans développer me paraît
impossible, il induirait de facto un développement soit d'une
exploration modale, soit d'un principe de modulation, soit d'une série.
[...]
Tout à fait (pour ce qui est avant et après), y compris les
musiques minimalistes. Mais il faut savoir dans quel sens
on emploie «développement», ou bien usage «technique» musical
ou bien sens général de «développement».
Bien entendu tout événement musical développe quelque chose,
y compris la pure répétition. La seconde fois ce n'est pas la
même chose que la seconde et la centième autre chose que la
cinquantième. Mais ce n'est pas l'usage d'appeler cela
développement qu'on réserve pour le travail de transformation
des motifs, de leur variation, augmentation, diminution, inversion
etc. etc. En dehors du fait que je conçois parfaitement que la
répétition stricte (une rosalie scotchée -:) est une variation
du précédent.
du côté d'Orléans.
Un peu compliqué pour moi, sauf quand je me rends à notre maison
familiale. Là passage obligatoire par Orléans. Qui d'autre sur la
liste ?

jmw
Fernand Naudin
2004-09-23 16:39:07 UTC
Permalink
Post by maina.tristan.pichard
Post by jmw
A l'occasion, on pourrait se retrouver autour de quelque chose à boire
ou a grignoter pas trop loin d'un instrument.
Qui à vraiment envie de se faire grignoter par jmw ?
Post by maina.tristan.pichard
Proposition qui donne soif. Je ne suis pas contre, personnellement je zone
du côté d'Orléans.
moi aussi...bof

jp - plus mon petit loiret...
Post by maina.tristan.pichard
Tristan
maina.tristan.pichard
2004-09-24 07:38:35 UTC
Permalink
Post by Fernand Naudin
Post by maina.tristan.pichard
Proposition qui donne soif. Je ne suis pas contre, personnellement je zone
du côté d'Orléans.
moi aussi...bof
jp - plus mon petit loiret...
...oui bof et plus que bof. Personellement je rêve de partir et de regagner
ma patrie natale. Je suis né au millieu de la mer...et la Loire c'est bien
mais ça manque de vague.

Tristan - plus ma petite Bretagne
DB
2004-09-23 09:50:29 UTC
Permalink
"maina.tristan.pichard"
Post by maina.tristan.pichard
L'impromptu (d'après mon petit dicco de Pernon) est "une pièce musicale de
forme libre et de caractère improvisé." Apparemment elle dérive d'un type de
pièce de théâtre avec une part faussement improvisée (Molière : "L'impromptu
de Versailles"). La forme musicale en découlerait.
On peut douter d'une telle filiation française classique. Les premières
pièces musicales appelées impromptus sont celles de Vorisek, d'ailleurs très
recommandables comme toute sa musique de piano. Quelques années plus tard,
l'éditeur de Schubert et non Schubert lui-même (dans un premier temps)
reprendra ce titre pour des pièces nettement plus développées.
maina.tristan.pichard
2004-09-23 11:50:00 UTC
Permalink
Post by DB
On peut douter d'une telle filiation française classique. Les premières
pièces musicales appelées impromptus sont celles de Vorisek, d'ailleurs très
recommandables comme toute sa musique de piano.
Je ne connais pas Vorisek et il n'apparait pas dans mon dicco. As-tu des
infos sur lui et des oeuvres à recommander ?

Tristan
DB
2004-09-23 12:13:49 UTC
Permalink
Post by DB
On peut douter d'une telle filiation française classique. Les premières
pièces musicales appelées impromptus sont celles de Vorisek, d'ailleurs
très
Post by DB
recommandables comme toute sa musique de piano.
Je ne connais pas Vorisek et il n'apparait pas dans mon dic[c]o. As-tu des
infos sur lui et des oeuvres à recommander ?
Il est étonnant que ton dico ne le mentionne pas. Peut-être un problème
d'orthographie, avec ces noms tchèques à coucher dehors. Il y a des
diacritiques sur les lettres r, i, s, comme tu peux le voir sur cette page :
http://www.musicweb.uk.net/classrev/2001/July01/Vorisek.htm

Si tu lis un peu d'anglais, tu n'auras pas de mal à comprendre la page
suivante, donnant l'essentiel de sa biographie :
http://www.classical-composers.org/cgi-bin/ccd.cgi?comp=vorisek

Si tu joues du piano, n'hésite pas à te procurer quelques partitions
(rhapsodies et impromptus) qui valent la peine d'être déchiffrées. Pour les
disques, on a assez de choix : de toute façon, l'intégrale de l'oeuvre pour
piano ne fait que 3 CD.
maina.tristan.pichard
2004-09-24 07:42:55 UTC
Permalink
"DB" <***@oppt.gs> a �crit dans le message de news:ciuebp$946$***@yucatan.franconews.org...

Merci pour les infos je vais tenter de trouver ça à ma médiathèque préférée.

Tristan

jmw
2004-09-23 14:23:33 UTC
Permalink
DB
Post by DB
On peut douter d'une telle filiation française classique. Les premières
pièces musicales appelées impromptus sont celles de Vorisek.
Exact, les 6 Impromptus op. 7 de Jean Hugo Vorísek (Worzischek etc.,
1791-1825)
sont publiés à Vienne en 1822 chez P. Mechetti.
On retient plutôt ceux de List, car on ne prête qu'aux riches,
Impromptu pour le piano sur des thèmes de Rossini et Spontini
publiés en 1824.
Mais cela devait être déjà dans le vocabulaire de salon.

Il faut noter pour l'amour du scoop la Sonata detta l'Impromptu dans
le Ier ton pour 2 violons et basse continue de Dominique Clérambault
(1657-1704)

jmw
DB
2004-09-23 14:37:55 UTC
Permalink
Post by jmw
Jean Hugo Vorísek (Worzischek etc.,
Occasion de rappeler une bonne page :
http://www.mus.ulaval.ca/roberge/gdrm/01-bohem.htm
Sette_Bello
2004-09-23 11:34:58 UTC
Permalink
Post by maina.tristan.pichard
L'impromptu (d'après mon petit dicco de Pernon) est "une pièce musicale de
forme libre et de caractère improvisé." Apparemment elle dérive d'un type de
pièce de théâtre avec une part faussement improvisée (Molière : "L'impromptu
de Versailles"). La forme musicale en découlerait et prend son essor au
XIXème (où elle est circonscrite mais il y a sûrement des contemporains qui
se sont fendus du leur).
Je ne sais pas s'il en existe pour une autre formation que le piano seul, on
en trouve chez Chopin et Schubert mais aussi chez Schumann et Fauré.
Hodeir précise que l'impromptu prend souvent une forme qui ressemble plus ou
moins à un bon vieux ABA derrière des atours de liberté formelle.
Tristan
Merci pour tes explications ainsi qu'à jmw.

à +
Loading...